Néophobie Alimentaire
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Néophobie alimentaire : pourquoi les enfants refusent certains aliments et comment accompagner les parents ?

Une étape normale du développement

La néophobie alimentaire, ou la peur des aliments nouveaux, est une phase normale du développement du comportement alimentaire chez l’enfant. Elle apparaît entre 2 et 12 ans, avec un pic marqué entre 18 mois et 3 ans, suivi d’un second vers 5-6 ans. Elle touche environ 75 % des enfants, voire plus en incluant les cas plus discrets.

Selon Nathalie Rigal (1), l’émergence de la conscience de soi autour de 24 mois est associée à une augmentation de la néophobie alimentaire. L’enfant, prenant conscience de son individualité, devient plus sélectif face aux aliments. Cette attitude, universelle et propre à l’omnivore, équilibre curiosité alimentaire et prudence face aux aliments inconnus (2).

Un enfant qui mangeait volontiers des épinards peut soudainement les rejeter, un phénomène souvent déroutant pour les parents. La néophobie se manifeste par une sélectivité plus ou moins marquée : certains enfants restent ouverts à la découverte, tandis que d’autres refusent catégoriquement certaines catégories aliments.

Il est essentiel de rappeler que la néophobie alimentaire n’est ni un trouble de l’oralité ni un trouble alimentaire pédiatrique, mais bien une étape normale du développement. En tant que diététiciens, notre rôle est d’aider à différencier cette phase d’un véritable trouble alimentaire nécessitant une prise en charge spécifique. Cette compétence s’acquiert notamment par une formation spécialisée.

 

Pourquoi les enfants rejettent-ils surtout les légumes ?

Durant la néophobie, les légumes sont les aliments les plus fréquemment refusés. Une revue de la littérature publiée par le Centre de Recherche et d’Information Nutritionnelles (CERIN) (3) montre que les enfants néophobes consomment moins de légumes, de fruits et de protéines, privilégiant les aliments dits « plaisir ».

Plusieurs raisons expliquent cette tendance :

  • l’amertume naturelle des légumes, que l’enfant perçoit comme un signal de danger (potentielle toxicité),
  • leur faible densité énergétique, alors que l’enfant a besoin de calories pour sa croissance.
  • leur goût et texture variables, contrairement aux aliments plus prévisibles comme les pâtes.
  • et la pression sociale à manger des légumes !

 

Comment accompagner les parents face à la néophobie alimentaire ?

Cette période peut générer du stress et angoisse au sein des familles, de véritables conflits sur ce temps du repas. Notre rôle de diététicien est d’aider les parents à adopter une approche bienveillante et à mettre en place des stratégies adaptées.

1. Favoriser un climat serein, une ambiance agréable et de plaisir à table.

2. Familiariser l’enfant avec une variété d’aliments, continuer à proposer sans jamais se dire que l’enfant n’aime pas, il n’a tout simplement pas encore assez découvert !

Un accompagnement essentiel pour guider les familles sur la posture parentale à adopter sur ce temps du repas et sur la découverte des aliments.

Comprendre et accompagner la néophobie alimentaire permet d’instaurer des habitudes alimentaires saines et sereines et d’éviter qu’elle ne s’installe durablement.

Se former à l’accompagnement diététique des jeunes enfants apporte des outils concrets pour guider les familles avec bienveillance et efficacité.

 

 

Sources

(1) Émergence de la Conscience de soi et de la Néophobie alimentaire chez le jeune enfant. Natalie RIGAL, Virginie SOULET et Julie BREMENT. Enfance, p. 217 à 229.

(2) La néophobie alimentaire, un interdit naturel à combattre. Nathalie RIGAL. Janv. 2009.

(3) Le point sur la néophobie alimentaire. CERIN. Avr. 2024

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